Voyage en Inde

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jeudi 28 janvier 2010

De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace!

Ce matin, on ferait presque une grasse mat' : réveil a 6h30... Nous sautons dans un taxi pour l'aéroport, ce qui nous permet de découvrir d'autres quartiers de la tentaculaire Mumbai, avec des barres HLM à côté desquelles les nôtres passent pour des immeubles de luxe, des taudis avec des toits en tôle, des mendiants miséreux... et en même temps, des enfants en uniforme se rendant à l'école. Un contraste un peu déroutant.

L'avion d'Air India nous emmène loin du Maharashtra, pour un retour au Tamil Nadu, vraiment au sud, à Madurai. La chaleur est plus écrasante, un peu plus moite, et l'ambiance est différente : plus d'enseignes dans tous les sens, plus de motos et de vélos qui encombrent les trottoirs.

L'hotel trouvé, nous nous mettons en quête du temple, le Sri Meenakshi, quelque part dans les ruelles. Nous hésitons un peu, nous avons du mal à nous repérer sur le plan, nous avons peur de l'avoir manqué. Et là...

Là apparaît tout d'un coup au bout d'une rue devant nos yeux ébahis une espèce de pièce montée géante et multicolore qui fait presque mal aux yeux. C'est le temple! Impossible de le manquer, avec ses quatre entrées gigantesques tapissées d'éléments architecturaux et de personnages au nombre incalculable de bras. Et surtout avec ses couleurs pétantes hallucinogènes, qui les font paraître en plastique. Le summum de la meringue transgénique kitschouille indienne!!! Du reste assez impressionnant.

madurai

Photo Neilsphotography (flickr)

Ah oui au fait, il fait tellement chaud ici qu'on a été obligées de s'acheter des tongs! Vous portez quoi comme chaussures, vous?...

Madurai temple 03

Il y en a une qui s'amuse avec son nouveau jouet et tous les reflets qui passent...

mercredi 27 janvier 2010

Photos!!!

En fait, non.... On vient d'essayer, ça prend des heures et ça ne marche pas très bien, on a un peu peur de perdre des données. En plus, nos photos sont trop lourdes... Bref, il va vous falloir patienter! Et puis petite précision a propos de ma photo de présentation: c'est l'appareil de mon frère et pas le mien, qui est plus petit quand même...

Pretty women

Bien que relativement confortable (classe 2AC, 4 couchettes par compartiment et des rideaux), la nuit fut courte dans le train qui nous emmène vers notre prochaine étape. Car c'est à 5h40 qu'il arrive à Victoria Station, gare d'un style indéfinissable, où se mêlent éléments posts-néo-gothique-victorien, pseudo-islamique et lointainement hindous, mais aussi la gare la plus fréquentée d'Asie, avec 2,5 millions d'usagers par jour (merci lonely planet).

Du coup, on attend dans la waiting room de la gare une heure décente pour nous rendre à l'hôtel, dans le quartier du Fort. Nous découvrons l'ambiance de cette partie de Mumbai (Bombay), plus proche de nos villes occidentales, avec de grandes avenues, des trottoirs dignes de ce nom, des banques à chaque pâté de maison, de grands bâtiments coloniaux, double-deckers bus, et même des cadres en costume-cravate. Mais c'est toujours une expédition de traverser la rue, dans un concert de klaxons, les arbres sont tropicaux, les rues sont vite assez sales, avec une misère visible, de jolies guirlandes de fleurs blanches et orange ornent la devanture de certaines boutiques, alors oui, on est bien en Inde! bombay

Bon, on visite la cathédrale Saint Thomas, et c'est notre caution culturelle du jour, car aujourd'hui place au shopping!! C'est beau l'art, mais ça ne satisfait pas totalement certains besoins primaires... On est bien loin du jaïnisme! Nous flanons donc parmi les boutiques conseillées par nos guides, et ma foi, nous ressortons contentes de pouvoir nous mettre autre chose que nos T-Shirts décathlon, certes très pratiques mais peu esthétiques.

Ange vitré de la cathédraleIMG_4916.jpg

mardi 26 janvier 2010

Fête Nationale

Aujourd'hui 26 janvier, c'est relâche. Nous restons à Aurangabad, et consacrons plus de temps au shopping qu'aux visites culturelles. Nous allons quand même au Bibi Qa Makbara, surnommé le Taj Mahal du pauvre, et c'est vrai qu'il est un peu décrépit. Puis nous flanons dans une rue marchande à la recherche de vêtements un peu plus seyants que les nôtres, mais apparemment le mieux est d'acheter du tissu et de se les faire fabriquer par un tailleur. Donc on rentre broucouille, comme on dit par chez nous. Enfin, si on passe sous silence l'atelier de himroo, mais ça c'est une visite culturelle.

Mais aujourd'hui 26 janvier, c'est aussi la fête nationale en Inde, apparemment il y a des manifestations à Delhi. A Aurangabad, on a l'impression qu'il y a plus de monde dans les rues. Comme nous sommes un peu désoeuvrées, nous décidons de nous installer tranquillement dans un parc pour bouquiner un peu à l'ombre. Ha ha! A défaut d'éléphant blanc, voici deux oies blanches... Christine, les milliards de gens de Versailles ne sont rien comparés au réel milliard d'Indiens un jour de fête dans un parc. Nous nous sentons mal à l'aise, emmerdées par des gosses, alors nous nous retranchons dans notre cybercafé favori. Au frais, au calme, enfin seules, sans musique!!! D'où notre prolixité du jour... En attendant le train de nuit qui nous emmènera à Mumbai.

Inde_2010_2509.jpg

Sanjay

Ou comment nous avons récupéré le numéro de téléphone d'un sympathique et charmant jeune Indien... Le nez plongé dans nos bouquins face à des peintures exquises à Ajanta, notre attention fut soudainement attirée par une voix ensorcelante: celle d'un jeune Indien qui s'extasiait lui aussi face à ces merveilles. Ni une, ni deux, nous nous empressons vers lui et engageons la conversation, lui demandant s'il serait possible de nous revoir bientôt. Et c'est ainsi que nous obtenons son 06... enfin son 989... Le soir venu nous l'appelons et convenons d'un premier rendez-vous, qui serait suivi nous l'espérions d'une journée qu'il nous consacrerait entièrement...

Bon ok, on vous avoue tout, ce n'est pas un fiancé indien sur son éléphant blanc que nous avons rencontré, mais un guide qui emmène des touristes sur les sites tels Ajanta et Ellora, et au vu du discours que nous l'avons entendu tenir à deux Américains, nous nous sommes dit que nous aurions besoin de ses lumières pour mieux comprendre les iconographies des temples d'Ellora afin d'en profiter davantage. Malheureusement il était déjà engagé avec d'autres clients. Néanmoins, stupéfait de notre rare intérêt pour ces sites qu'il aime tant, il a proposé de nous prêter deux gros et lourds bouquins, véritables mines d'information qui nous ont donné de précieuses clefs pour la compréhension des iconographies bouddhiques, hindouistes et jaïnistes. Ce qui nous sera fort profitable pour la suite de notre périple.

Bref, mention spéciale pour Sanjay que l'on remercie grandement!

Première semaine.

Arrivées à la fin de la première semaine, quelles impressions dominantes?

Peut-être d'abord les rencontres, au resto, dans les trains, sur les sites. Parfois désagréables, le plus souvent on ne regrette vraiment pas. Les gens semblent très ouverts, accueillants, curieux. L'émerveillement absolu devant les sites d'Ajanta et d'Ellora. C'est d'une beauté époustouflante, on a rarement vu des sites qui font une telle impression. On échappe au syndrome de Stendhal, mais de peu. Les transports, riches en émotion. On a testé l'avion, le train, le rickshaw, le bus, la jeep (très) collective, le taxi. Reste le char à boeufs... La nourriture, les épices surtout. C'est bon, mais ça pique, on ne supporte pas toujours bien, surtout Anne-Lise qui n'en finit pas son assiette, c'est dire! (Je vous dis pas la frustration) Mais on n'a pas été malades jusque-là, c'est déjà bien!

Bref, jusque-là, ça va bien!

Nature et découvertes

Autre pays, autre climat, autres bêtes, bestiaux et bestioles, selon leurs espèces. On a rencontré cette semaine tout un tas d'animaux auxquels on n'est pas habituées. Le premier, la nuit de notre arrivée, a été un cafard géant dans notre chambre. On n'a pas vraiment sympathisé, pour tout vous dire. On voit beaucoup de vaches, soit plus ou moins en liberté, soit en attelage sur la route. Certaines ont les cornes peintes de couleurs vives, rouge ou bleu. Ca serait très joli sur les Abondances ! Devant notre hôtel à Ajanta, on a vu passer des chèvres, des cochons, des chiens. Du côté des grottes, des oiseaux (guêpier, perroquets, et bien d'autres non identifiés mais très jolis), des singes en quantité, acrobates agiles qui font partie du paysage urbain, deux petits chiens faméliques tout mimi qui mendiaient des caresses aux touristes. Beaucoup de petits écureuils aussi, des chauves-souris, et bien d'autres. Sans oublier les lions, éléphants et autres makaras sur les reliefs. Pour le moment, on échappe aux vilains moustiques. Bref, il ne manque que le raton-laveur!

Glossaire 1

bumpy : Au départ de l'avion, on nous a dit que tout s'annonçait bien, qu'on allait profiter d'un "nice wind" qui allait nous faire gagner du temps, mais que ça risquait d'être un peu "bumpy". En fait, ça n'a pas été le cas, mais on s'est rattrapées sur les transports suivants : le bus en particulier peut s'avérer plus que bumpy!

low spice : de même que les Erinyes reçoivent le doux nom d'Euménides (bienveillantes), certains plats sont qualifiés de low spice. C'est juste une figure de style pour tenter d'atténuer la cruelle réalité. ( A l'aide Marie-Claude : comment ça s'appelle?)

stupa : élément d'un sanctuaire bouddhique. C'est une structure pleine, avec un tambour surmonté d'un dôme, et couronné par des parasols. Aux époques les plus récentes, il peut porter une image du Bouddha. On tourne autour.

makara : bestiole fantastique mâtinée de crocodile et d'éléphant, crachant souvent des guirlandes. Motif décoratif récurrent.

Hot water : dans un hôtel, eau froide. Un peu le même principe que le low spice.

Hiver : il fait froid, la preuve les gens portent des bonnets le matin. Et des sandales quand même. C'est un peu surprenant de voir des mômes avec des cagoules par 25°C.

Assaut de Mara : variante locale de la tentation de St Antoine. Lors de sa méditation, le Bouddha est embêté par le démon Mara, qui s'attaque à lui et finit par lui envoyer ses filles, d'une exquise beauté. Ca ne marche pas bien sûr, mais c'est prétexte à de bien beaux bas-reliefs.

Toilettes : à la turque bien sûr, sans papier hygiénique, pour quoi faire? un robinet et un petit seau à portée de main comme chasse d'eau.

A l'occidentale (toilettes) : recyclage de wc à la turque avec une cuvette.

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A suivre...

Spéléologie religieuse

Soyons scolaires, claires et précises en hommage aux cours extrêmement carrés et compréhensibles de notre prof d'art indien à l'EDL, Thierry Zéphir pour ne pas le citer. Le site d'Ellora se compose de 34 grottes divisées en trois catégories correspondant à trois religions majeures: bouddhisme, hindouisme et jaïnisme.

Les grottes bouddhiques rappellent un peu parfois celles d'Ajanta, notamment l'une avec façade décorée, stupa et fausse charpente (et une accoustique profonde et veloutée). Nouveauté, des grottes jumelles à trois niveaux à la façade d'une austère sobriété (style barres de HLM) mais à la surprenante profusion décorative intérieure. Les autres ne nous laisseront pas un souvenir impérissable.

Contrairement aux grottes hindouistes. Bon, on vous épargne un nouveau commentaire extasié du Kailasa (même si on en a très envie...), sachez seulement que le Kailasa est le nom de la montagne de Siva. Mais deux ont particulièrement retenu notre attention. La n° 15 et ses deux niveaux parés de grands reliefs sivaites et visnuites dont la force est accentuée par les effets d'ombre et de lumière. Et la n° 29 et ses reliefs monumentaux où nous sommes écrasées par la puissance de la colère de Siva, la beauté plus que plantureuse de Parvati (à faire passer Pamela Anderson et la Cicciolina pour des planches à repasser...), le hiératisme quasi-égyptien des gardiens du naos.

Enfin les grottes jaïnes, presque des labyrinthes dans la mesure où certaines communiquent entre elles, surchargées d'un décor plus lourd, moins raffiné, mais n'en demeurant pas moins plaisantes. Bon, bien qu'étant à des milliers de km par écrans interposés, on peut deviner vos pensées d'ici: que diable est le jaïnisme?... Pour ce qu'on a pu en comprendre, c'est une religion cousine de l'hindouisme et du bouddhisme dont un personnage principal et divinisé est le tirthankara (sorte de leader) Mahavira. La pensée jaïne interdit les sacrifices d'animaux et considere que toute chose a une ame, meme l'inanime. Un des buts des ascetes est d'atteindre un tel détachement des choses matérielles qu'il annihile les notions de bien et de mal. Mais bon, ça doit être beaucoup plus compliqué que cela...

Voir Ellora et mourir...

Enfin, façon de parler bien sûr! Le Kailasa d'Ellora c'est un peu le déclencheur esthétique de ce voyage, lorsque nous avons découvert ce temple en cliché à l'Ecole du Louvre (EDL pour les intimes). Et maintenant, nous nous apprêtons à nous y rendre pour de vrai...

D'Aurangabad il faut un peu moins d'1h pour y aller en bus local, et l'avantage par rapport à Ajanta, c'est qu'on descend à l'entrée réelle du site. On décide de consacrer 3 jours à la visite, dont une nuit sur place.

La géographie est bien différente d'Ajanta. Une grille, un parking, une pelouse et on débouche sur le Kailasa, le temple le plus connu du site et véritable bijou. Mais les 34 grottes s'étendent sur environ 2 km de falaise tapissée d'une végétation aride et pleine de vie dans laquelle nous empruntons des chemins de traverse pour éviter la route.

Ellora 01

Là encore que de merveilles sculptées, avec des styles qui différents d'Ajanta, et nous nous promenons avec grand plaisir des grottes jaïnes aux bouddhiques en passant par les hindouistes, sans se laisser distraire ni par le soleil qui cogne, ni par les gens qui veulent notre photo.

Mais le point d'orgue de cette étape est le Kailasa, un temple entièrement creusé dans un pan de la falaise, une architecture cyclopéene et monolithique qu'il a fallu mettre en forme en dégageant des volumes inimaginables de roche. La masse du temple est enchâssée dans un écrin formé par la falaise sur trois côtés et un mur de façade sur le quatrième. Une cour avec galerie permet de tourner autour et d'admirer les très réalistes éléphants de sa base monumentale. Deux autres grands éléphants émergent du sol à ses côtés, au pied de deux colonnes. Le tout toujours sculpté dans un seul bloc, celui de la montagne, aucune roche n'a été amenée pour bâtir cela.

Ellora 02

Ellora 03

Pour ne pas simplifier les choses, l'architecture est extrêmement complexe, avec porches, étages, ponts, multitude de salles, saint des saints, sanctuaires sur toit terrasse... Quant au décor, le temple croule littéralement sous les rinceaux, les soldats combattant, les divinités et leurs avatars, les couples enlacés, les créatures fantastiques, les représentations d'architectures... Parfois quelques restes de stuc et de peinture permettent d'imaginer sa splendeur lumineuse passée. Et la toiture même n'est pas negligee, un chemin au sommet de la falaise permet d'admirer les lions rugissant et les taureaux qui le coiffent.

Ellora 04

Pardonnez cette envolee lyrique sur le Kailasa, mais nous y avons passe deux après-midi et nous y serions bien restées davantage tellement nous avons été happées par sa magnificence exceptionnelle. Un lieu où le génie et la folie des hommes s'expriment pour honorer le divin et le pouvoir. Magique, unique. Inoubliable.

Les cinq sens - ou la dame au makara

Ce voyage est une expérience dans tous les domaines. Il serait trop long de tout raconter, nous nous contenterons de les aborder par le biais des 5 sens... - Vue : ce qui frappe, ce sont les couleurs : les vêtements colorés, aux couleurs les plus vives qu'on puisse imaginer parfois associées de facon audacieuse ; les camions décorés; les affiches bariolées; les sculptures à la polychromie chatoyante... - Ouïe : le son domimant est celui du klaxon, qui semble ici le principal mode de communication. Sur tous les tons, du timbre de sonnette à la corne de brume, à toute heure du jour et de la nuit (y en a une qui en vient même à regretter les sirènes des pompiers...) On peut y ajouter les sonneries des portables, la musique en toute circonstance, les cris des marchands. Et par contraste, le pépiement des oiseaux dans les collines d'Ellora (avec les klaxons en arrière-plan bien sûr...) _ Toucher : la douceur de la soie de nos sacs de couchages, la fraîcheur de la pierre sous les pieds nus dans les grottes, sa chaleur à l'extérieur, la nourriture qu'on attrape avec les chapatis. - Odorat : les odeurs d'épices des plats, de pollution intense en ville, des herbes semblables à la menthe froissée sous nos pas dans la campagne. - le goût : ou ce qu'il en reste après une semaine de plats qui, bien que "not spicy", sont quand même assez chargés en épices, poivre, piment et autres condiments. C'est bon, mais ça brûle un peu le palais, on en mangerait presque de la Biafine en dessert. - A mon seul désir : une douche chaude, peut-être?

Cours n 1: Ajanta

La magnificence du site réside ente autre dans le fait que les monastères sont excavés, c'est-à-dire creusés dans la paroi de la falaise. Il y a 29 grottes toutes bouddhiques, des monastères (vihara) et des temples (chaytia) datés du II ème si av JC au VI ème si apr JC. Nous allons donc vous décrire ces grottes cm2 par cm2.

Mais non, ne vous enfuyez pas, c'est une blague! Simplement un aperçu de celles que nous avons préférées.

Grotte n° 1: on a bien dû y rester 1h, le temps de détailler et d'admirer ses extraordinaires peintures sur les murs et le plafond. Nos yeux finissent par s'habituer à l'obscurité ambiante et la finesse des traits, plutôt rouge foncé que noirs en réalité. On ne peut s'approcher des peintures pour leur préservation, mais qu'importe puisque nous avons des jumelles, indispensables pour apprécier le raffinement extrême des visages féminins, la maîtrise des modèles, les compositions imbriquées, et surtout la beauté exquise d'un jeune prince aux longs cheveux noirs ondulés (mais qui renonce aux choses matérielles pour l'ascèse...), et la sérénité rêveuse d'un bodhisattva à la peau diaphane.

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Grotte n° 19: c'est la façade la plus richement sculptée avec profusion de personnages déhanchés, rinceaux perlés, makara* crachant, nains grotesques, Buddhas méditant... Ca rappelle un peu un portail d'église gothique avec voussures, piédroits, linteaux et tout sauf qu'on ne peut apprécier pleinement le programme iconographique. Toutefois le plaisir des yeux est indéniable, surtout quand la lumière glisse sur la roche, créant des effets d'ombre, de contrastes qui animent les personnages. A l'intérieur, un stupa* au bout d'une courte nef dont la voûte reprend le motif d'une charpente en bois (mais là en pierre, vous l'aurez compris). Les détails des chapitaux et triforium sont exquis, l'ambiance intime et sereine.

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Grotte n° 22: rien d'extraordinaire sauf qu'elle est en hauteur, un peu en retrait, donc un refuge idéal pour manger avec une vue imprenable sur le site tout en ayant un semblant de tranquillité.

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Grotte n° 26: une façade similaire à la n° 19 en un peu moins chargé et plus monumental. Un stupa là aussi et le déambulatoire qui en fait le tour est entièrement décoré de reliefs gigantesques dont l'épisode de l'assaut de Mara* et un grand Buddha couché qui s'endort pour atteindre le nirvana. Son visage doux est d'une sérénité contagieuse.

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samedi 23 janvier 2010

Le coin de terre du vendredi (spécial JP)

- Juste un petit message en retard pour les amis d'Annecy- Ca a été dur de choisir, mais je dirais une des premières rencontres qu'on a faites, notre premier repas en Inde lundi midi. Deux dames se sont installées a notre table, on a un peu discuté, et elles nous ont même proposé de goûter à leurs plats pour nous faire découvrir! bilan : on s'est senties accueillies dès notre arrivée, et la nourriture locale est très, très spicy!

Les merveilles d'Ajanta

Comme nous sommes d'intrépides aventurières, nous décidons de prendre un bus local depuis Aurangabad pour aller à Ajanta, à l'encontre de la proposition du monsieur de l'agence à côté de l'hôtel de nous emmener en taxi (au moins dix fois plus cher certainement...) Nous parvenons à monter dans le bon bus du premier coup bien que rien ne soit écrit en anglais. Et c'est parti pour 2h de route très "bumpy", au rythme des klaxons qui tiennent lieu de clignotant, et nous avons tout le loisir d'admirer les paysages de cultures, les jeux des enfants dans les cours d'école et les vaches qui créent des embouteillages. Le trajet nous paraît bien court après tout ce que nous avons déjà subi...

Nous n'avons pas réservé d'hôtel et pourtant nous comptons bien dormir sur place, nous en choisissons un à Fardapur, à 2km du site d'accès aux grottes (carrefour en T), et une fois la chambre prise et négociée, à nous les grottes! Là, nous payons chacune successivement 7 Rs d'entrée touristique, 7 Rs de bus qui emmène au pied des grottes à 4km de là (+ 7Rs le retour), puis 250 Rs d'entrée veritable aux grottes (contre 10 Rs pour les Indiens). Mais à aucun moment nous ne regrettons ces tarifs répétés trois fois puisque nous restons trois jours.

Le site nous laisse pantoises. Imaginez le lit d'une rivière en fer-à-cheval, avec une petite montagne dans le creux et une falaise en face dont la paroi est creusée d'une succession de cavités artificielles constituant sanctuaires et monastères dont les entrées sont décorées qui de colonnes, qui de façades croulant sous les reliefs les plus raffinés les uns que les autres. La montagne offre un panorama à 180° de cette verticalité minérale égayée par le cortège bigarré des visiteurs indiens qui s'égrènent comme des gouttes de couleur en mouvement.

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Lorsque nous arrivons, le soleil est tombant et une partie du site est déjà dans l'ombre. Mais l'ensemble baigne dans la lumière matinale nous apparaît démultiplié. C'est immensément beau malgré la chaleur et quelques petits désagréments (que nous décrivons dans un autre billet). Nous vous épargnons le détail des grottes, mais nous comptons bien développer un peu pour les plus acharnés...

Nous sommes absolument conquises par ce premier site absolument époustouflant.

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Tu veux ma photo ?

Les deux premiers jours, que nous avons passés dans le train ou le bus, nous avions déjà remarqué que nous étions un centre d'intérêt pour les gens. Beaucoup nous regardaient, nous demandaient d'où nous venions, ou se contentaient de grands sourires quand nous n'avions pas de langue commune. La plupart du temps très sympathiques, bien que parfois un peu collants (les petits jeunes de la fin du trajet.)

Durant les 2 jours et demi passés à Ajanta (site absolument extraordinaire, je n'ai pas les mots pour décrire tellement c'est fantastique), puis la première journée à Ellora, bref, durant ces quelques jours, nous avons eu franchement l'impression d'être des phénomènes de foire. Il faut dire que, sur une journée à Ajanta, nous n'avons pas vu plus de 10 personnes de type européen. Un peu plus les autres jours pour être honnête, et même beaucoup à Ellora... Toujours est-il que les classes d'enfants nous regardent avec ébahissement et sont au comble de la joie quand on répond à leurs saluts enthousiastes, et sautent dans tous les sens quand on les photographie (photos floues à l'appui dès qu'une connexion internet potable le permet...). Les jeunes femmes se retournent en souriant sur notre passage, les messieurs aussi. Certains nous adressent la parole, et nous demandent d'où nous venons, si nous aimons l'Inde, etc... D'autres nous demandent si on peut poser pour une photo, soit seules, soit avec eux ou leurs enfants. Une fois, deux fois, c'est marrant. A la 15e on se lasse un peu. D'autant que si certains nous demandent très gentiment, d'autres (plutôt de jeunes machos en général), nous crient simplement 'photo! photo!' quand on passe, et nous photographient malgré notre refus. Ca, c'est franchement exaspérant!

Par contre, quand les gens demandent de façon plus sympathique, on accepte et on demande la réciproque. Comme ça, on se constitue une jolie galerie de portraits au passage!

On se demande un peu ce qu'ils nous trouvent, quand même. Est-ce notre accoutrement comique, nos peaux claires et nos yeux bleus, le fait qu'on soit des filles, tout ça a la fois? On a croisé une jeune femme blonde, elle avait des gamins collés aux basques, on est donc sûres que ça n'arrive pas qu'à nous! Mais est-ce que des couples, des personnes plus âgées, des hommes provoquent le même genre de réaction?

mercredi 20 janvier 2010

Indian Railways vs SNCF

La marche à pied c'est fantastique, ça permet de découvrir les paysages, et c'est bon pour la santé. Sauf que pour faire 1300 km en à peine plus de 24h, c'est moins pratique. Il reste le rickshaw, mais on n'apprécie pas vraiment la conduite locale. Nous tentons donc le train. Les guides conseillent de réserver à l'avance pour les longs trajets, on le fait donc sur Internet, avant le départ. Pas plus compliqué que la sncf, au contraire. On arrive en Inde avec nos billets imprimés dans le sac.

Nuit de lundi à mardi, Chennai/ Secunbderebad, 7814km, départ 18h, arrivée 7h, c'est sûr que ce n'est pas le TGV. Troisième classe AC : ce sont des wagons-lits climatisés, la structure est proche des compartiments sncf, sauf qu'il n'y a pas de portes. Il existe des wagons pour ladies mais on n'y a pas eu de places. On partage donc notre compartiment avec 4 jeunes Indiens, manifestements très amusés par notre présence. Leurs commentaires avaient l'air moqueurs, mais ils ont été très serviables : ils nous ont réveillées quand est passé le marchand de repas (fried rice pour 40 Rs chacune, pas trop épicé, bon, copieux, économique, servi à la place : on sent que ce n'est pas la sncf!), ils nous ont aidées à installer les couchettes pour la nuit, nous ont indiqué la gare où descendre. Bref, après une première impression un peu mitigée, on a beaucoup apprécié le voyage.

Train

Ca a l'air glauque mais ça ne l'est pas en réalité!

A l'arrivée, on profite des waiting -ooms pour ladies, qui permettent de se poser un peu, de se laver, et de recharger les téléphones. Ca serait très bien en France, ce genre de choses...

Mardi après-midi, Secunderabad-Aurangabad : 509 km, départ 13h30, arrivée 23h20. Heureusement que c'est un express! Nous testons la Sleeper class, encore plus économique que la veille : le trajet nous revient, pour deux, moins cher qu'un carnet de tickets de métro! La structure est la même qu'en 3eAC, mais sans climatisation, avec les fenêtres qui s'ouvrent (très pratique pour les photos!).

La sleeper class, c'est tassé-sympa... En à peine 10 h de trajet, nous avons rencontré plus de gens qu'en dix ans de trains en France. Au départ, nous étions seules dans le compartiment. Nous avons ensuite rencontré deux dames qui ne parlaient qu'hindi, mais avec qui on a échangé de grands sourires, et qui ont tenté de nous nourrir de force, (devinez qui a mangé...), une famille qui nous a offert des samosas mais s'est fait virer par le contrôleur, une dame anglophone très gentille avec qui ont a un peu discuté avant qu'elle ne se fasse chasser elle aussi.

Puis tout un tas de messieurs qui se sont mis à 5 sur chaque banquette, plus exactement 5 d'un côté et 3 + nous de l'autre (d'ailleurs on voit encore la trace incrustée d'un visage sur la vitre...). Ca a duré, duré, on était comme des sardines (pratique du sourire - sourcils). Heureusement, ils ont fini par descendre ... pour être remplacés par une classe de jeunes ados pour qui on constitue manifestement une attraction hors du commun. Comme on ne s'est pas montrées très bavardes, ils ont fini par passer à autre chose : chanter à tue-tête à en declencher la mousson en janvier (Marie Claude, on a oublié le magnétophone, mais de toute manière il n'aurait pas survécu!)

Bilan de la Sleeper Class : les gens sont globalement très gentils, mais nettement plus envahissants. Les marchands de choses diverses et variées pullulent (nourriture, thé, café, jouets pour enfants, trucs de fermeture éclair). il y a aussi beaucoup de mendiants, auxquels on ne peut pas échapper comme dans la rue, c'est difficile de savoir comment réagir. Globalement on est plutôt satisfaites, on a touché de façon concrète une partie du quotidien des gens, mais on a vraiment, vraiment hâte d'arriver...

( ce billet a été pré-rédigé dans le train, ne vous attendez pas à une telle tartine tout les jours...)

(Et pour information, on est en clavier qwerty, donc c'est moins évident, surtout quand les lettres sont à moitié effacées sur le clavier, alors soyez indulgents avec nos fautes...)

Aurangabad enfin!

Après cette épreuve du train, nous arrivons à Aurangabad et là, émerveillées et incrédules nous découvrons... le taxi prévu qui nous attend bien, l'hôtel à côté, les formaliteés ultra-rapides, la chambre confortable, avec de vrais lits, sans co-locataire indésirable, des toilettes à l'occidentale (autrement, c'est à la turque), un petit-déjeuner pour le lendemain... Là, c'est le luxe!!!!

Secunderabad

Et c'est parti pour notre première expérience en train couchette indien! (pour de plus amples informations sur le sujet, voir le billet correspondant). En gros, on a plutôt apprécié, et nous voici (pas) fraîches et (peu) disposes à Secunderabad, noeud ferroviaire important du pays. Là on joue les exploratrices sans peur et sans reproche et on fait le tour d'un gros pâté de bâtiments (la plupart, des boutiques de fringues kitchouilles). On se découvre téméraires en s'engageant dans une ruelle perpendiculaire, puis dans une cour, et là... notre premier temple hindou apparaît devant nos yeux émerveillés et candides! Bon, d'accord, il est tout petit et l'adolescent qui le surveille est mutique (heureusement qu'on sait que le hochement de tête desur le côté est oui et pas non, sinon il n'y aurait pas de photos...), mais une jeune fille vient à notre rencontre et nous discutons un peu.

Puis on saute à nouveau dans un train direction Aurangabad pour 10h de route contrastées... (cf billet).

Voyage voyage

Bon, si on résume le voyage, malgré 2h de retard, l'avion et le vol ont été agréables, les formalités à l'aéroport ont été rapides et les bagages étaient au rendez-vous. Le premier challenge est d'attraper un taxi prépayé à 3h du matin dans la moiteur nocturne, parmi la foule bigarrée. Le deuxième est de trouver l'hôtel dans une ruelle obscure et glauque encombrée d'enseignes. Notre hôtel étant fermé, on en choisit un autre, et si la réception est ouverte, on ne peut pas en dire autant des yeux du réceptionniste qui s'endort littéralement sur nos passeports. Pour le luxe, on repassera, et on découvre un co-locataire fort charmant (on essaiera de vous mettre une photo).

On quitte bien vite cet hôtel oubliable le lendemain et en pleine journée la rue ne nous semble plus si glauque, au contraire, elle est pleine d'animatiom, les cris des chauffeurs de rickshaws, les motos, les couleurs des saris... On prend un déjeuner peu épicé (ouf!) et on décide de se rendre à la gare centrale en bus. Si nous avions su dans quelle aventure nous nous embarquions... nous y serions allées malgré tout! On monte un peu au hasard chargées comme des mules, on demande au contrôleur si le bus va à la gare, il confirme. Des dames insistent pour qu'on s'assoie, et on admire leurs vêtements colorés, leurs oreilles chargées de bijoux, on regarde défiler la ville par la fenêtre... et on se dit que la gare est plus loin que ce qu'on avait estimé d'après le plan. Après avoir demandé trois fois au contrôleur, on lui montre le-dit plan qu'il passe à des passagers et tous tombent d'accord pour dire qu'on n'est pas dans le bon bus. Alors quelques passagers nous indiquent la bonne direction, nous font descendre au bon arrêt, nous montrent un autre bus (et le bon cette fois-ci!). Bref, spontanément 4/5 passagers nous ont aidées avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance.

Gentillesse et bienveillance qui dominent cette première journée puisque outre cet élan de solidarité, on a discuté avec un couple dans une salle d'attente, deux dames au déjeuner et deux écolières qui nous ont prises en photo. De bons augures pour la suite!

samedi 16 janvier 2010

Bien arrivées !!!

Bonjour!
Ceci est un billet préparé à l'avance, pour pouvoir vous donner des nouvelles très rapidement dès notre arrivée. On prévoit donc diverses possibilités, et on mettra en gras ce qui se sera passé.

Le voyage en avion s'est passé :

* Qu'est-ce que c'était long!

* très bien, en plus on a super bien mangé et les films étaient super

  • très bien
  • bien sans plus
  • on va dire que l'essentiel, c'est d'être arrivées...
  • y'a eu plein de turbulences, c'était l'enfer!

On est :

  • malades...

* fatiguées, mais heureuses

  • épuisées, trop épuisées pour savoir si on est contentes d'être là....
  • en pleine forme!

On a trouvé l'hôtel :

  • sans problème

* avec quelques hésitations

  • on vous racontera au retour, ce serait trop long à expliquer
  • première arnaque de taxi

L'hôtel est :

  • super
  • correct

* minable

Notre premier contact avec la nourriture indienne (mais ce n'est que le menu de l'avion !:

  • c'est super bon!

* c'est bon mais il faut s'habituer aux épices (Sarah) * on a bien fait de prendre des barres de céréales, mais on va avoir du mal à tenir un mois avec... On regrette déjà les pâtes à la carbonara de samedi soir... (Anne Lise)

* vive Smecta...

La suite : le train en direction d'Aurangabad

  • la visite des grottes d'Ellora, on est déjà à Aurangabad, y avait pas de cyber café avant...
  • le retour en France, on n'a pas trouvé de cyber café ce mois-ci, désolées...

Bref : * la vie est belle!

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