Voyage en Inde

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samedi 6 février 2010

Muséo, musée bas

A Tanjore, le musée d'art recèle des trésors de sculpture, en particulier des bronzes chola. La muséographie est terriblement vieillotte, avec des vitrines qui ferment comme elles peuvent, mais rien de bien grave. Le petit musée attenant est une sorte de mémorial privé, avec des tas d'objets un peu en vrac. Nous avons vu là le cartel le plus précis dont on puisse rêver :" Glass old things" Tout y est : la matière (verre), la datation (c'est vieux), la fonction (des trucs - ou machins...) Le tout avec une présentation intermédiaire entre Ie musée XIXe, les anciennes salles du MAN et le brocanteur du coin. Mais bon, certains petits musées français ne valent guère mieux.

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Confiantes, nous sommes allées au musée de la ville de Pondichéry. Belles collections, assez grande ville, musée municipal, influence française : ça doit être bien.

Les collections sont effectivement très intéressantes : du mobilier colonial XVIIIe et XIXe, des bronzes Chola de toute beauté, et des tessons de céramique sigillée montrant l'importance des circuits commerciaux à l'époque romaine (et ça, c'est fascinant. même si c'est tout cassé) Bref, on n'a vraiment pas regretté.

Par contre, les conditions de conservation font frémir quand on a été formaté dans les locaux aseptisés du Louvre. Par exemple, les cartels des peintures sont glissés entre la couche picturale et le cadre. Ca cache un peu le tableau, mais au moins on sait de quoi il s'agit. Les épées se désagrègent littéralement dans les vitrines, il faut dire que l'hygrométrie est modérément contrôlée : il n'y a pas de fenêtres, juste des grilles aux baies. Et le climat local est quelque peu chaud et humide. Sans doute guère plus adapté aux manuscrits sur feuilles de palmiers exposés dans la même vitrine que du métal en état de décomposition avancée. L'original d'un courrier sur papier est magnifiquement mis en valeur, face à une fenêtre pour qu'on le voie en pleine lumière...

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Les vitrines sont peu étanches, mais propres, c'est certain. On a vu la femme de ménage y pschitter du produit à vitre plein d'adjuvants antipoussière, antigraisse, etc... Ce qui retombe sur les épées ne peut donc leur faire que du bien. Quand elle a fini, elle pose le flacon de produit directement sur de vieux coffres en bois. On ne l'a pas vue faire, mais on est prêtes à parier qu'elle brique conscienceusement le miroir XVIIIe...

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A l'étage, sur la terrasse, des vitrines "abritent" des spécimens géologiques. Les cartels sont précis, mais soit à l'envers, soit tombés sur l'étagère du dessous. Les bronzes sont mis en valeur, surtout le beau Nataraja qui est le clou de la collection : il émerge de papier crèche formant comme un rocher, sur un fond sombre de ciel étoilé. On ne le voit donc plus très bien, mais c'est beau! Les pithoi funéraires exposés sous l'escalier côtoient les bassines en plastique de la désormais célèbre femme de ménage.

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A l'extérieur, dans une petite cour, des statues en pierre. les plus anciennes XIIe, les plus récentes XIXe. Disposées un peu comme ça vient, leur cartel sur les genoux. Le taureau Nandi est un peu de guingois sur la racine d'un arbre, mais il reste moins mal lotti que sa petite voisine enfouie sous un tas de feuilles mortes.

Bref, qu'on ne dise plus que nous n'avons rien fait à Pondichéry, on a travaillé dur, la preuve! Il resterait à décrire les méthodes de médiations culturelles, en particulier les jolis schémas des archéos qui ne veulent plus rien dire vu que les objets posés dessus ont été déplacés, ou la fantastique frise chronologique comparative des différentes civilisations, sur laquelle se côtoient Abraham, Miterrand, Naram Sim et le Buddha! Mais ce serait trop long...

vendredi 5 février 2010

Cinéma

Pour appréhender une culture, une fois visités temples et sites touristiques, une fois goûtée la gastronomie locale, il est nécessaire de regarder la télé. Surtout en Inde. Beaucoup d'hôtels ont la télé dans la chambre, mais jusqu'à présent nous nous écroulons plutôt dans nos lits le soir. Heureusement, il y a parfois le bus pour nous rattraper. Nous avons déjà testé la comedie pour ados attardés, voici un autre spécimen.

Un film de policiers et de truands avec une image de qualité à la Derrick, une ambiance de série américaine des années 70 avec décors, vêtements et brushings masculins qui vont avec, une héroïne drôle de dame qui fait du "kung-fu", des personnages qui meurent la main sur leur blessure en tombant de manière théâtrale avec une grimace pleine de pathos, un traveling avant sur le visage de l'acteur avec effet sonore à chaque moment un tant soit peu dramatique, et bien sur les inévitables moustaches, les policiers bien alignés qui braquent le héros tous ensemble en un même mouvement et des chansons chorégraphiées de-ci de-là.

De quoi passer un agréable trajet sans s'ennuyer!

Mamma mia!

C'est avec un déchirement au coeur que nous quittons la très agreable Pondichéry. Mais sans regret aucun puisque le bus, très confortable du reste, nous conduit à Mahabalipuram (Mamallapuram), un site majeur que nous trépignons de découvrir. Nous pensions que le bus arriverait à la gare routière comme d'habitude, mais il semble que Mahabalipuram ne soit qu'un arrêt parmi tant d'autres sur le bord de la route, où nous sommes abandonnées - mais très gentiment, le contrôleur nous aide avec les sacs. Nous nous renseignons auprès de deux Français qui attendent le bus en sens inverse et nous nous orientons sans problème.

A Mahabalipuram, pas de souci de logement, il y a foison d'hôtels et de guest houses. Nous jetons notre dévolu sur cette dernière option chez une famille très accueillante qui loue des chambres pleines de charme malgré les tarifs très bas. On est loin de Chidambaram!

L'ambiance à Mahabalipuram nous surprend assez. Là beaucoup d'Occidentaux de tous les âges, très baba-cools, beatnicks ou post-soixante-huitards. Et les marchands ne s'y trompent pas, l'une des rues touristiques est bondée de boutiques de vêtements ethnico-colorés prisés des Occidentaux en pseudo-rupture de société de consommation. Ceci dit c'est très sympa, surtout avec la plage, très belle, la seule du coin, bien que la baignade soit dangereuse.

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Je vous rassure, nous reprenons doucement notre rythme de visite et nous flanons parmi les rochers posés sur le sol comme par mégarde qui forment un relief des plus étonnants pour ce bord de mer, et nous découvrons les petits temples qui y sont excavés. Mention spéciale au Varaha mandapa et au Mahishamardini mandapa avec leurs reliefs monumentaux très impressionnants. Nous jetons au passage un oeil à l'ascèse d'Arjuna, une des pièces majeures du site. Mais ceci est une autre histoire que nous vous raconterons plus tard!

Mahaballipuram relief

Ca c'est Mahishasuramardini contre le démon-buffle

La mélodie du bonheur!

Se réveiller dans des draps de lit propres, blancs, neufs, sans ambiance musicale matinale. Se doucher dans une salle de bain saine et lumineuse dont on ne touche pas les murs en étendant les bras. Prendre un petit-déjeuner dans une véranda donnant sur une végétation luxuriante, y déguster un croissant vrai de vrai, thé et café dans des théière et cafetière qu'on peut s'en servir tant qu'on veut. Flaner au soleil dans des rues claires et propres. Visiter un musée aussi intéressant que distrayant pour une somme dérisoire. Dépenser son argent sans culpabiliser. Déjeuner d'un poisson sur un toit-terrasse ombragé. Se rafraîchir au cyber-café. Se promener sur le bord de mer et rêver en admirant l'océan. Passer un trèèèès bon début de soirée dans un café branché rendez-vous des Occidentaux, bières géantes sur la table, table sur une terrasse animée d'une musique agréable. Dîner d'une salade ou d'une pizza. Se glisser dans un lit fait aux draps propres, blancs et neufs.

Que demander de plus?

jeudi 4 février 2010

Vrac de photos

Une connexion un peu plus rapide que d'ordinaire, une chaleur qui fait qu'on est mieux à l'intérieur, de quoi compresser les images... toutes les conditions sont réunies pour mettre enfin deux trois photos.

on a vu des temples

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très colorés

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avec des ganesh

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et des chevaux

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on y était vraiment

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on a rencontré des gens

P1010256.JPG256.JPG, fév. 2010))

plein de gens

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on mange indien

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mais pas seulement

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Luxe, calme et volupté

Vous demanderez à Sarah de vous réciter le poème, elle le connaît par coeur!

Vous aurez bien compris qu'on attendait avec impatience cette étape à Pondichéry. Non pas qu'on n'ait pas apprécié les autres villes visitées, loin de là, mais c'est vrai qu'un lieu où l'on peut retrouver des repères familiers et un certain confort à l'européenne est le bienvenu, histoire de se ressourcer un peu - et de soulager les estomacs en manque...

C'est donc pleines d'espoir que nous découvrons Pondichéry (Puducherry). Nous avons réservé pour deux nuits dans une maison coloniale, la Villa Helena, ce qui pour nous constitue le choix du luxe. Pour comparaison : la piaule pourrie de Chidambaram : 300 Rs ( et encore, on aurait pu négocier moins) ; là, 2 200 Rs. Oh là là, que de folie! crierez-vous. Oui, mais ça fait environ 35 euros pour deux... Pour un superbe bâtiment avec patio, véranda, meubles de style colonial, piles de Elle, Paris-Match et autres Marianne, un personnel souriant et parlant français. Quant à la chambre, on se croirait en plein rêve! Spacieuse, meublée avec goût, climatisée, salle de bain au design sobre, papier toilette (ça, c'est le véritable signe du luxe en Inde!) On s'y sent déjà comme chez nous...

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Première activité : une douche qui efface les mauvais souvenirs de Chidambaram. Deuxième activité : donner le linge pour une lessive salutaire. Troisième activité : petit-déjeuner - car on l'a sauté pour plus vite s'enfuir de Chidambaram.

Comme nous restons deux jours à Pondichéry, nous pouvons faire une étude comparative des nombreuses adresses de restos des guides, et nous comptons bien être méticuleuses à cette tâche! Nous commençons donc par une boulangerie avec croissants et pains au chocolat corrects pour l'Inde. Pendant que nous mangeons, nous regardons où nous pourrons déjeuner. Après un coup d'oeil dans l'église du sacre-Coeur - une espèce de pâtisserie anglaise rose et blanche aux autels en patachou et confiseries aux couleurs chimiques -, nous nous installons donc dans la cour calme et ombragée d'un resto franco-italien où nous commandons steack au roquefort et poisson en sauce, mousse et crêpe au chocolat. Là, nous débattons du café où nous pourrons goûter.

Après un moment de lézardage sur la terrasse fraîche de la villa, nous nous promenons sur le bord de mer. Car il y a la mer à Pondichéry, ou plutôt l'océan, grondant, qui se fracasse en petits rouleaux sur les rochers noirs de la côte. Pas de plage donc, et une baignade dangereuse. Ce qui n'enlève rien à la beauté hypnotique de la mer mystérieuse...

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17h, c'est l'heure du thé - ou du chocolat - et pendant que nous sirotons, nous choisissons le resto pour le dîner. De retour à l'hôtel nous attend une séance de massage "ayurvédique" qui donne une peau toute douce et hydratée pour bien débuter la soirée. Que de volupté! Soirée qui se continue bien dans un autre resto un peu haut de gamme, le Rendez-vous. Et tandis que nous attendons steack et quiche lorraine, nous repérons les adresses où nous irons manger demain...

Parlons un peu de la ville - ou du moins notre quartier. Les rues sont à l'européenne, des trottoirs, de la signalétique au sol, pas d'ordures, tout est propre, la présence française se remarque par les noms des rues, des institutions et des restos. Avec une vie à l'indienne, les rickshaws, les motos, les klaxons, les piétons sur la chaussée, les uniformes des écoliers, la musique fort le soir... Un mélange heureux qui permet d'allier confort à l'occidental à l'ambiance indienne, une atmosphère très agréable où l'on se sent bien. Un coup de coeur d'un autre ordre!

Chidambaram, unique objet de mon ressentiment...

Nous avons passé une longue, très longue demi-journée à Chidambaram, après une matinée enchanteresse à Dharasuram.

A peine arrivées en ville, vers 16h, nous nous rendons à l'hôtel référencé par le Lonely Planet. L'accueil est catastrophique, désagréable, le type qui nous montre la chambre baragouine en tamoul à toute allure et semble s'étonner qu'on ne comprenne pas. La chambre est dans son état originel de l'époque Chola, la salle de bain n'a pas vu d'éponge depuis... Heureusement, c'est mal éclairé, on voit moins la crasse.

Nous nous rendons ensuite au temple. Celui-ci est géré par les brahmanes. Ces derniers tournent autour des touristes comme des vautours, les accostant d'un "Welcome " agressif, tentent de nous faire entrer alors qu'on essaie de regarder tranquillement les superbes sculptures de l'entrée, etc.. Impression désagréable de la ville qui se poursuit donc. Le temple est pourtant intéressant.

On repart à l'hôtel, on se change, et on part au cyber café. Nous y trouvons la connexion la plus lente qui soit, impossible de poster quoi que ce soit. Après quelques tentatives vouées à l'échec, nous renonçons et allons manger. Le resto n'est pas mal, mais le serveur se plante dans la commande et la TVA n'apparaît pas sur la carte, contrairement à ce qu'on a vu jusque-là...

On se couche tôt, on se réveille tôt aussi. Plus précisément, on est réveillées tôt par la musique des voisins, vers 5h30. A quelque chose malheur est bon, on est à la gare routière à 7h30. On monte dans le bus pour Pondichéry, heureuses de fuir enfin Chidambaram.

Un peu trop vite peut-être, le bus doit être lié à la ville, le mauvais sort s'acharne.

Il y a la télé dans le bus. Heureusement, on ne comprend pas le tamoul, mais ça a l'air d'une comédie beauf incroyablement lourdingue. Et, bien évidemment, le son est un poil trop fort... Bon, c'est peut-être drôle quand on comprend, mais on n'a pas aimé..

L'amabilite du conducteur n'arrange pas les choses. Il nous fait fermement comprendre que mieux vaut deux gros sacs bloquant l'allee du bus et une place vide a cote de nous que de poser les sacs sur le siege en question.

Bref, l'arrivee a Pondichery fut un soulagement!!!

Alleluia, alleluia!

Pondichéry, mot magique qui met en émois nos sens, fait vibrer nos coeurs,

Pondichéry, oasis du désert, phare dans la tempête,

Pondichéry, lumière dans la nuit, saint-Bernard salvateur,

Nous avons longtemps rêvé de toi,

Nous nous sommes languies de te connaître.

Pondichéry, enfin tu nous tends les bras,

Et nous nous y lovons sans détour.

Pondichéry, mon amour.

Fragments de rencontres

Il y en a trop pour tout raconter, mais juste quelques pépites pour vous donner une idée de ces gens qu'on croise :

  • dans un temple à Kumbakonam, par exemple. On est assises sur les marches d'une annexe, à quelque distance d'une famille (les parents, la grand-mère, 2 ados) qui nous regarde du coin de l'oeil. La fille se lève, et pose pour que son frère la photographie. A notre grand amusement, on voit qu'elle se déplace peu à peu de maniere à ce que nous soyons dans le champ. Devant cette "discrétion" maladroite, nous leur adressons un grand sourire. Ils éclatent alors de rire, et la demoiselle s'écarte pour qu'on nous voie mieux sur la photo. Anne-Lise contre attaque alors en les mitraillant à son tour. On a peut-être échangé trois mots au total, mais c'est un bon moment.

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  • encore plus brève, l'intervention d'une femme qui, nous voyant déconcertées par le menu du petit-déj, nous explique dans un excellent anglais de quoi il s'agit et nous conseille. De quoi mettre de bonne humeur dès le matin!
  • ou encore, ces deux petites filles qui se font rabrouer par leur mère car elles se retournent pour nous regarder au lieu d'être attentives pendant un rite, et qui nous adressent de grands sourires en nous croisant à nouveau à la sortie du temple.
  • ou cette femme, ne parlant pas un mot d'anglais, qui nous fait comprendre qu'elle aimerait qu'on photographie ses fils, et qui rayonne en voyant leur portrait.
  • ou tous les gens du wagon qui nous font signe de descendre quand le train arrive à notre gare de destination.

Tout ça en à peine plus de 24h...

Petit lexique de la circulation

  • klaxon : avec les roues, élément le plus important d'un véhicule, quel qu'il soit.

Circulation rick shaw

  • plein (faire le) : rien de plus simple. Le bus, tous ses passagers à bord, s'arrête à la station service, puis reprend son trajet.
  • veau, vache...: pas aussi fréquent que les rickshaws, mais presque.

Circulation vache

  • trottoir : frange de la route utilisée pour les commerces, le parking et les dépôts d'ordures. Les piétons marchent sur la chaussée.
  • passage piéton : motif cabalistique peint au sol par endroit. Sa signification n'a pas été élucidée.
  • clignotant : élégant bout de plastique sur les voiture. Fonction décorative.
  • phares : consommateurs d'énergie. Par souci d'écologie et d'économie, les Indiens veillent à ne pas trop les utiliser, surtout de nuit.
  • recul (avertisseur de) : sur certaines voitures, musique stridente se déclenchant en même temps que la marche arrière. A peu près aussi musical que les cartes de voeux qui chantent "mon beau sapin"
  • feu tricolore : élément peut-être rituel, changeant périodiquement de couleur, sans lien apparent avec le flux de la circulation.
  • gauche (conduite à) : théorie intéressante dans son principe, mais invalidée par l'expérience.

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  • sécurité (ceinture de) : légende urbaine
  • Christophe (saint) : overbooké!!!

Kancipuram bus

Petit plus

Kumbakonam, c'est coché. Notre prochaine étape : Chidambaram. Comme nous nous rendons compte que nous ne passons guère plus de deux heures dans un temple, nous décidons de nous octroyer un petit plus non-prévu dans le programme originel : Dharasuram.

Ce n'est qu'à 4 km de Kumbakonam, c'est-à-dire une vingtaine de minutes en bus. Et ça vaut vraiment le coup! On a un véritable coup de coeur pour ces deux temples dont les reliefs tapissant sans être surchargés sont d'un raffinement extrême à renvoyer les sculpteurs romans au rang d'amateurs - bon, d'accord, j'exagère un tout petit peu là, c'est très beau le roman aussi! D'autant que deux jeunes prêtres nous invitent dans le naos (c'est-à-dire le saint des saints), autorisent la photo de la très sacree Parvati toute décorée de guirlandes et se laissent même photographier avec le sourire! Le tout dans une ambiance véritablement calme, sans klaxons, sans hordes de touristes (juste quelques uns qui flanent tranquillement), sans pèlerins qui nous harcèlent pour des photos. Un lieu idyllique! C'eut été dommage de le rater.

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Un bus nous conduit à Chidambaram où nous finissons la journée. Son temple dédié à Siva nataraja (roi de la danse) est vaste, presque labyrinthique, mais l'ambiance est plus mercantile, avec des prêtres qui ne cessent de quémander pièces d'euros et stylos. Néanmoins nous faisons brièvement la connaissance d'un sympathique Américain voleur de photos interdites. Encore une journée bien remplie et riche en émotions diverses!

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Femmes au bord de la crise de nerf

Fait divers : ce lundi soir 1er février dans un hôtel de Kumbakonam, deux jeunes touristes françaises ont massacré une famille indienne en hurlant frénétiquement ces mots : "vous paierez pour tous les autres!"

Je vous rassure, bien évidemment ce n'est pas arrivé, mais on est à la limite tant le bruit omniprésent tape sur le système. Pour être franche, on s'habitue aux klaxons, de toute façon indispensables à la conduite locale. Mais à l'hôtel en soirée, on est en droit d'espérer un minimum de tranquillité. C'est sans compter sur les enfants qui courent dans le couloir en essayant d'ouvrir toutes les portes, ou juste qui marchent avec leurs chaussures couinantes dans la chambre voisine dont la porte est entrebaillée, les gens qui parlent fort, qui écoutent de la musique à toute heure de la nuit... La notion de double vitrage est totalement inconnue en Inde! (ou en tout cas dans les hôtels que nous fréquentons).

Un exemple concret. A Tanjore, l'hôtel se situait au bout d'une rue un peu en retrait de l'activité urbaine, à l'air paisible. Certes, heureusement que le voisinage est là pour animer la soirée! On a dû supporter près de trois heures durant une espèce de kermess ou de fête avec des gosses chantant faux les mêmes chansons en boucle au haut-parleur. Et quand cette horreur vient à s'arrêter, c'est un client qui prend le relai avec une tele tellement poussée à fond qu'on a l'impression qu'elle est dans notre chambre. N'y tenant plus, je sors, frappe à la porte à l'autre bout du couloir et demande au locataire de baisser un peu le son. L'Indien semble ne pas bien comprendre de quoi il en retourne, diminue timidement le volume. A peine recouchée, on sonne à la porte. Et revoilà notre Indien, tout déboussolé qui s'enquiert d'un air perplexe "calm?" et s'en repart, traumatisé parce que jamais on n'a dû lui faire ce genre de requête auparavant tellement il est inimaginable, inconcevable de demander une telle incongruité...

Au retour, c'est promis, on ira se ressourcer place de l'Etoile pour profiter du calme parisien!

Des temples, des temples, encore des temples!

Avant de partir, nous avons tout préparé pour que le voyage se passe au mieux, nous avons repéré les hôtels, réservé certains, nous avons récuperé les horaires de certaines lignes de train avec les gares desservies. C'est ainsi que nous nous pointons comme des fleurs à la gare de Tanjore pour attraper l'express de 10h devant nous emmener à Kumbakonam en 30 minutes. Et nous voici un billet en main pour le train de 10h45 qui mettra 50 grosses bonnes minutes à arriver... Qu'à cela ne tienne, ça nous a permis d'écrire quelques billets et de confirmer la disponibilité des gens dans le train.

Kumbakonam est une ville qui compte 18 temples, et nous avons bien l'intention de ne pas tous les faire. D'autant que vue notre arrivée tardive, nous ne pourrons commencer les visites qu'à 16h. Nous en sélectionnons donc trois parmi les plus intéressants et les plus proches de l'hôtel. Trois ambiances bien différentes.

D'abord le Nageshvara dédié à Siva nagaraja, c'est-à-dire roi (raja) des serpents (naga). Le gopuram accueille les fidèles avec des statues de femmes nues dans des positions très lascives ; mais ne vous emballez pas, les gars, toute touche érotique est enfouie sous des strates de fientes de pigeon... Le temple est assez petit, très décoré, très chaleureux.

Le suivant est le Sarangapani, le plus vaste dédié à Visnu cette fois. L'atmosphère est totalement différente, plus artificielle, on peut acceder au sanctuaire mais nous nous sentons mal à l'aise (comme on vous le développe dans un autre billet).

Enfin, c'est au tour du Kumbeshwara, encore un temple sivaïte. On y entre par une galerie marchande couverte au bout de laquelle nous voyons notre quatrième éléphant - on commence presque à être blasées...Toujours de beaux piliers, de belles sculptures.

La nuit étant tombée et le plan du Lonely planet pas si précis, nous décidons de dîner au resto de l'hôtel. Grossière erreur... Le serveur qui ne parle pas un mot d'anglais renverse la bouteille d'eau sans s'excuser, il ne comprend rien à la commande, la nourriture est servie à la main, les cuillers n'ont pas ete lavées depuis l'époque chola... Barres de céréales en dessert!

lundi 1 février 2010

Big Temple is watching you

Nos heures de réveil ont été quelque peu différentes selon qu'on a assisté à la messe en tamoul de 5h45 ou non... Heureusement, aucun scrupule à la méditation très profonde pendant le sermon, de toutes facons incompréhensible.

Nous prenons congé de soeur Vincy, qui nous négocie le rickshaw pour la gare (et là nous réalisons combien nous nous sommes fait avoir à l'aller...) et nous voilà parties pour Thanjavur (Tanjore).

Après avoir posé nos sacs, (de plus en plus impressionnants) à l'hôtel, nous visitons le Marata Palace, du 16ème siècle, et ses quelques musées, où là encore les étrangers paient l'entrée dix fois plus cher! Mais il est toujours très dépaysant de découvrir des muséographies différentes, certes un peu désuètes, entre brocante et cabinet de curiosité, le tout sous une couche de poussière bien stratifiée. On ne vous parle pas des rares cartels (étiquettes) indiquant la presence de "glass old things" (sic). Tres instructif pour les etudiants de l'EDL en museologie. Néanmoins cela ne nous empêche pas d'admirer une collection de superbes bronzes Chola, dont le musée Guimet doit être bien jaloux! Dépaysant aussi, le calme très relatif dans le musée : les Indiens ont inventé la sandale pour enfants qui fait un pouët strident à chaque pas. Quand une môme de deux ans court dans la salle, c'est terrible! (Jérémy, jeunes parents ou grands-parents, si vous voulez passer commande...)

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Dans le Tamil Nadu, les temples ferment entre midi et 16h, ce qui nous permet de passer les heures les plus chaudes de la journée au frais dans des cafés internet. Puis nous pénétrons dans l'enceinte du Brihadisvara, temple Chola du Xème siecle, surnommé Big Temple par les Britanniques, et on comprend vite pourquoi...

Ce qui frappe tout de suite en admirant ses tours monumentales, c'est l'absence de couleurs, c'est magnifique de sobriété! D'autant que la pierre s'illumine avec le soleil couchant. On débouche sur une vaste esplanade, avec taureau Nandi géant, sanctuaire principal et annexes. Tout est magnifiquement sculpté, la tour du sanctuaire est vertigineuse, la composition d'ensemble très géometrique et photogénique. Dans une galerie qui fait le tour, on peut admirer des centaines de lingas (vous irez voir dans wikipedia ce que c'est...) D'ailleurs, c'est un linga gigantesque, de 4 m de haut, qui se dresse fièrement dans le saint des saints, où ô miracle nous avons accès sous l'oeil indifférent des prêtres. Vraiment c'est un temple qui nous a plu.

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Qui dit temple dit pèlerins et scolaires. Nous avons une fois de plus profité d'une séance photos fructueuse. Le problème avec les écoliers, c'est que malgré la chaleur, c'est l'effet boule de neige assuré! Un ose s'approcher, puis 4, puis 15. C'est que ça se multiplie vite ces petites bêtes là!

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Bon, à défaut de couleurs sur le temple, il y en a sur les murs des rues, couverts d'inscriptions très bruyantes, au sens médiéval du terme : entendez par là criardes, fluo, qui font mal aux yeux. Sans compter les affiches de films, dont on vous concoctera à l'occasion un petit florilège...

A table!

Quand on voyage, un des grands plaisirs est de découvrir la nourriture locale : de nouvelles saveurs, des associations culinaires inédites et parfois audacieuses pour nos papilles peu habituées. Mais là, le problème, c'est que nos papilles ne sentent plus rien avec l'effet kiss cool des épices qui incendient les palais les plus délicats. Ce qui engendre une certaine frustration, même si du coup nos intestins n'ont pas à s'en plaindre.

Au Maharashtra, nous avons commencé à bien savoir décrypter les menus, et nous nous sommes souvent régalées de Dal, c'est-à-dire de lentilles cuisinées avec différentes sauces (épinards Palak, patates Aloo, fromage Paneer), souvent peu épicées et donc délicieuses, à déguster avec des nans, des rotis ou des chapatis. Sans oublier évidemment l'immanquable plat de riz. Le riz, qui peut être nature ou plus apprêté, comme le savoureux pulao que nous avons découvert trop tardivement pour en profiter assez souvent, avec fromage, légumes, épices anisées, parfois ananas ou morceaux de poulet.

A la fin du repas, on nous apporte parfois un petit mélange de graines anisées et de boules rouges sucrées, bienvenu pour rafraîchir l'haleine.

Ces plats sont parfois accompagnés d'un coca, à titre préventif.

Mais bien sûr, la gastronomie change dans le Tamil Nadu, et tout est à recommencer. Manifestement, la spécialité locale est le tali (pas le train...), une feuille de banane en guise de set de table et d'assiette, un plat de riz nature, 5-6 petites coupelles avec différents condiments, une platrée de sauce sur la feuille de banane et une espèce de grosse chips huileuse. Le tout à manger avec les doigts. Et là, c'est toute une technique! Heureusement, l'Américain avec lequel nous avons déjeuné malgré lui nous a expliqué la dite technique, nous voyant novices en la matière. Il faut bien imbiber le riz de sauce, faire une boule que l'on glisse dans les doigts formant cuiller, et le tour est joué! Plus facile à dire qu'à faire... Surtout quand on met peu de sauce pour épargner palais et estomac. Nos voisins de table et les serveurs nous regardent avec commisération...

Pour tout vous avouer, le régime riz commence à nous peser un peu, et nous attendons avec une impatience non dissimulée notre étape à Pondichéry, ou l'on pourra se baffrer de pâtisseries, steacks, pâtes afin de prendre des forces pour la fin! J-2!!!

Holy Cross Sisters, Le Retour

Résumé de l'épisode précédent : après un début de journée bien occupé, nous arrivons au Rock Fort.

Nous sommes sur les escaliers du temple, dominant la ville. Soeur Vincy nous prend en photo, avec le précieux réflex d'Anne-Lise. Et prise d'une sorte de folie, cette dernière va jusqu'à le confier à un parfait inconnu, afin qu'il nous photographie toutes les trois. Ceux qui la connaissent comprendront à quel point elle n'était pas dans son état normal!

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En redescendant, nous apercevons un groupe de quatre jeunes Occidentaux. Vincy les accoste, leur demande d'où ils viennent. Apprenant qu'ils sont Français, nous discutons un peu. Ils sont étudiant en géo, pour 3 mois à Pondichéry. Une rencontre brève mais très sympa.

Nous commençons ensuite à regagner la maison des soeurs, après un détour par le College qu'elles tiennent en centre ville. Nous y croisons des groupes de jeunes filles charmantes, pouffant sur notre passage. Un groupe d'entre elles se tient autour d'un feu sur la pelouse, pour une sorte de spectacle (style SMP...). Ecouter ces jeunes Indiennes chantant un soir de pleine lune, après une si belle journée, avait un côté un peu irréel. Nous finissons notre visite de la ville par l'église Notre-Dame de Fatima, là nous revenons sur notre opinion précédente : la chapelle de St Joseph n'était pas si kitsch, finalement. Par contre, le chemin de croix de cette église... Des sortes de vitrines abritant des sculptures de style sulpiciano-aleijadinhesque, agrémentées de néons. Seules celles qui ont suivi les cours d'icono à l'EDL peuvent imaginer...

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Nous arrivons enfin épuisées à la maison des soeurs, et nous nous effondrons sur nos lits après un rapide repas, un peu épicé à notre goût. Anne-Lise se fait même qualifier de "poor eater" par soeur Vincy, c'est dire si elle était malheureuse!

Le bilan de cette journée est très positif. Nous avons vraiment beaucoup apprécié l'accueil des soeurs. Nous sommes assurées de leurs prières pour le reste de notre voyage. Ce que nous avons particulièrement aimé, c'est d'avoir enfin des explications sur certains points : les affiches de campagne électorale au bord des routes, les parures, certaines habitudes des pèlerins, les relations familiale, le vrai prix d'un rickshaw... Toutes choses que nous n'aurions jamais apprises autrement.

Et maintenant, une petite page de pub pour decouvrir Bengalore avec les soeurs...

Mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs... oh oh... ce serait le bonheur...

Un billet spécialement dédicacé à nos parents, qu'on aime d'amour sincère et véritable qui vient du coeur tu sais.

Au début, nous avons été assez surprises par un sujet récurrent des conversations : la famille. En effet, dès qu'on fait connaissance avec quelqu'un, le quinté gagnant des questions dans le désordre est : "Where are you from?" "What's your name?" "You like India?" avec sa variante "You like the food?" "* Are you students?" et "How many in your family?"

La première fois, on n'a même pas compris ce que la question voulait dire. Depuis, à ce qu'on en devine, c'est une manière brève de demander :

  • ou vivent nos parents?
  • combien de frères et soeurs on a?
  • de quel âge?
  • Qui font quoi?
  • Sont-ils mariés?
  • Ah non, fiancés alors?
  • Ont-ils des enfants?
  • De quel âge?

Ce type de questions peut venir d'un voisin de hasard dans le bus, accompagnées d'une série sur nos chères mères, ce qu'elles pensent du voyage, et si on les appelle bien tous les soirs. Une réponse négative entraîne un abime d'incompréhension. De même, le charmant jeune guide qui nous a invitées au resto nous a parlé icono bouddhiste et de sa mère qui cuisine si bien, et de sa soeur qui vient d'avoir un enfant. Soeur Vincy, après nous avoir demandé si nous avions un boyfriend, a voulu savoir si nos parents choisiraient notre mari. On nous demande aussi parfois si nos parents nous ont autorisées à faire ce voyage. La réponse "on est majeures" ne semble absolument pas pertinente.

Au début, on trouvait que c'étaient des questions indiscrètes, particulièrement de la part d'un parfait inconnu. En fait, c'est juste une vision des choses assez différente de la nôtre.

dimanche 31 janvier 2010

Soeur Vincy

Comment vous décrire soeur Vincy? Imaginez un petit bout de femme, pas plus grande que moi, certainement notre âge ou à peine plus jeune, très droite, très élégante dans son sari marron clair de nonne et avec son chignon impeccable. Et ce petit bout de femme entre sans ciller dans un lieu interdit aux non-hindous en nous invitant à la suivre, va directement vers le prêtre et argumente avec aplomb et sourire. Parfois ça marche! Ce même petit brin de femme adresse sans complexe aucun la parole aux gens dans la rue, surtout aux Occidentaux puisqu'elle nous accompagne, tente de persuader l'Américain du déjeuner de nous conduire au parc avec un naturel désarmant, engage la conversation pour nous avec quatre jeunes Francais croisés au Rock Fort... Bref, elle fait preuve d'une audace et d'une assurance insoupçonnées!

Imaginez cette sympathique bonne soeur qui me voit mitrailler avec mon gros appareil photo et qui propose de nous prendre nous-mêmes. Alors je le-lui confie - premier miracle! - et la voici regardant maladroitement dans le viseur, le tenant tout de guingois, ne trouvant pas toujours le bouton ou n'appuyant pas assez fort. Mais avec un tel plaisir!! Plusieurs fois elle me l'a demandé, elle s'est réellement amusée avec, et nous nous sommes amusées à la voir s'amuser autant. Un moment j'ai même eu peur qu'elle ne parte en courant avec...

Imaginez maintenant cette bonne soeur indienne qui dédie sa vie à Dieu et qui apprend que non seulement je ne crois pas en ledit Dieu, mais en plus que je n'ai aucune religion! Au début c'est un peu la surprise, une certaine incompréhension, elle me demande comment j'explique la vie sur terre, la création, elle raconte certaines experiences personnelles. J'essaie d'exposer mon point de vue, la société française où l'athéisme est banal. Mais ça n'a pas vraiment l'air de faire mouche. Parfois elle glisse une petite phrase missionnaire à mon égard avec un sourire narquois et bienveillant, car malgré tout elle a bien dû comprendre ma position. Et à la fin de la journée quand une autre soeur nous demande de remercier Dieu pour le jour écoulé, elle me regarde avec un petit rire amusé et presque complice qui a bien intégré que cela ne représente rien pour moi. Bref, elle a un certain sens de l'humour même si elle n'a pas cessé de tenter - en vain - de ramener mon âme égarée dans le droit chemin.

Une rencontre unique, qu'on ne risque pas d'oublier!

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Holy Cross Sisters

Grâce à Soeur Elizabeth (une religieuse indienne d'Annecy), nous avons été en contact avec les soeurs de la Croix de Chavanod, à Tiruchchirappalli. Elles nous ont très gentiment hébergées pendant deux nuits, dans la villa Shanti, où elles accueillent des femmes en difficulté, veuves ou handicapées. Nous ne nous attendions pas à l'accueil que nous avons reçu : loin de nous donner seulement deux lits pour la nuit, elles nous ont proposé de partager leur repas, et soeur Vincy nous a accompagnées toute la journée pour visiter la ville.

Après deux semaines de tourisme intensif, nous avons donc découvert une nouvelle facette de l'Inde, grâce à notre charmante et ô combien énergique guide. La journée a un peu tenu du marathon, mais a été exceptionnelle.

Lever à 7h, petit-déjeuner avec les soeurs à 7h30. Un peu épicé (les oeufs au plat contenaient plus de poivre que d'oeuf...), mais très bon, et les soeurs compatissantes nous avaient préparé des couverts pour nous éviter de manger avec les doigts. Nous avions même des serviettes Dora l'Exploratrice qui auraient réjoui une petite fille qui se reconnaîtra! Soeur Myriam nous emmène ensuite au provincialate tout proche, où nous rencontrons la supérieure, et où nous croisons quelques novices. L'accueil de toutes est extraordinairement chaleureux. Soeur Vincy nous prend ensuite en main. C'est le premier jour où nous n'avons pas à nous soucier de quoi que ce soit : emploi du temps, choix du resto, trouver le bon bus. De vraies vacances!

Nous commençons par nous rendre au temple , le Sri rangam C'est un bâtiment immense, dont la tour bariolée semble une sorte de vaisseau extraterrestre posé sur la ville. La force de conviction de soeur Vincy, et sa maîtrise de la langue, alliés à son obstination souriante, nous permettent d'entrer dans des endroits théoriquement réservés aux hindous. Ca ne marche pas à tous les coups, mais ça n'empêche pas d'essayer. Elle parvient même, faute de pouvoir nous faire entrer dans un sanctuaire, à obtenir d'y aller elle-même pour prendre la photo à notre place! Après la visite (Anne-Lise a revu un éléphant, ça a fait son bonheur!), nous dégustons un jus de fruit frais avant de nous rendre à l'église Saint Antoine. Soeur Vincy nous a en effet fait découvrir toutes les églises de Trichy. Là, nous saluons un groupe de soeurs et un franciscain, qui ont failli nous retenir à manger. Derrière l'église, une sorte de cour ombragée donne directement sur la rivière, avec vue sur le Rock Fort. C'est un endroit enchanteur. Nous en repartons néanmoins, pour aller manger dans un petit resto du centre.

Nous y entrons en même temps qu'un autre Occidental, qui est seul. Ni une ni deux, le serveur décide qu'il est avec nous, et nous place d'autorité à la même table. Le pauvre Américain semble se demander un peu ce qui lui arrive, mais se prête au jeu. La soeur commande des thalis pour tout le monde, il n'a plus qu'à suivre le mouvement. Nous discutons un peu, il nous parle avec des étoiles dans les yeux de Pondichéry, où on peut manger du steack. Il nous conseille même, sur un ton confidentiel, l'adresse d'un restaurant là-bas... (il nous a aussi parlé de sa hantise de perdre ses chaussures, sa pointure étant introuvable en Inde). Malgré les tentatives répétées de Soeur Vincy, il réussit à esquiver sa proposition de nous accompagner au parc. Nous y allons donc toutes les trois, en bus. Le parc, situé à quelque distance de la ville, a un côté un peu décrépit, mais nous nous y trouvons vraiment bien: c'est un lieu calme, ombragé, au bord de l'eau, avec des familles en promenade. Une petite pause bienvenue au milieu d'une longue journée.

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Nous repartons en milieu d'après-midi pour Trichy. La tournée des églises continue : nous nous rendons à Saint Joseph, collège jésuite. Nous ne pouvons pas y visiter le musée, fermé pour travaux, mais nous faisons un tour dans l'église Notre Dame de Lourde Là, nous tombons en admiration devant une chapelle à l'entrée : le kitsch à son état le plus pur! Aussi coloré qu'un temple hindou, le charme de l'imagerie sulpicienne en prime! Nous y croisons un Indien de Pondichéry, qui parle un francais parfait. Quel plaisir de parler notre langue avec un étranger! Apprenant que nous passerions dans sa ville cette semaine, il nous invite à y visiter l'église de sa paroisee, ND des Anges. Vu que c'est au bord de la mer, nous irons peut-être!

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Nous enchaînons sur la visite du Rock Fort (évitez de prononcer Roquefort comme moi, ça ne marche pas; le fromage français commence à nous manquer!) C'est un temple qui domine la ville, sur une butte à laquelle on accède par de longs, très longs escaliers, raides et aux marches irréguliéres. L'ascension en vaut la peine, la vue sur la ville est extraordinaire et nous récompense de nos efforts. En plus, nous y croisons un groupe de pèlerins, tout de jaune vêtus, qui nous demande de les prendre en photos. Anne-Lise saute sur l'occasion et en profite pour faire de superbes portaits ( que vous ne verrez pas pour l'instant, désolées...)

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Roquefort

Une photo pour patienter (source flickr, photo Melanie-m)

La journée était loin d'être finie, mais de peur de vous lasser nous arrêtons ce billet ici, on reprendra un peu plus tard... Sachez juste qu'Anne-Lise a montré des réactions inattendues....

Madurai, deuxième!

Notre deuxième journée à Madurai est consacrée à deux choses essentielles: le shopping et la visite du temple.

Madurai est une ville réputée pour ses tailleurs et ses tissus, alors nous nous faisons faire sur mesure quelques petits vêtements tous mimi à des tarifs à faire pâlir de jalousie les fashion victims qui se ruent sur le premier article soldé venu... Nous négocions les prix. Est-ce qu'on s'en sort bien ou pas? Nous sommes satisfaites, c'est l'essentiel.

Quant au temple, il est tout aussi impressionnant de l'intérieur que de l'extérieur. Il s'agit d'un sanctuaire très important pour les hindous, un lieu tellement sacré qu'il est interdit d'y pénétrer avec les chaussures dans le sac - on l'apprend à nos dépends en nous faisant assez vivement virer par une femme en uniforme... Le temple est immense; je vous dis pas l'état des pieds à la fin de la journée!

Les gens viennent par milliers y vénérer de nombreux dieux, et à chaque pas on tombe sur un autel, une statue, un pilier patinés par le beurre votif, colorés d'orange ou de rouge, éclairés de petites bougies. Une certaine pénombre, des effluves d'encens et de fleurs, les couleurs dont la plupart des gens ornent leur front ou leur crâne, le brouhaha des fervents, les pavés parfois glissants de graisse... Telle est l'atmosphère d'une partie du temple.

Madurai 02

Mais d'autres sont plus flashies, et là attention, sujets aux migraines s'abstenir! Des lotus, Siva, Visnu, Krisna et les autres s'éparpillent sur les plafonds dans des couleurs psychédéliques, rose pétant, vert lumineux, jaune aveuglant. On comprend que certains aient pu être inspirés dans les années 70!... Seul bémol, les parties les plus sacrées du sanctuaire sont interdites aux non-hindous, ce qui est très frustrant, d'autant qu'on paie quand même une entrée plus cher et un droit photo...

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Autre fait notable de la journée; nous sommes certes sollicitées pour des photos - le gros appareil ne passe pas inaperçu - mais cette fois les gens demandent des photos... d'eux-mêmes! C'est quand même plus réjouissant pour tout le monde! Il est vrai que nous croisons beaucoup plus d'Occidentaux qu'auparavant - même si nous restons noyés dans la masse innombrable des Indiens. Est-ce lié?

Bon, aujourd'hui a encore été une bonne journée. Sarah piaffe d'impatience d'essayer ses nouveaux vêtements qu'elle sera toute belle avec, et moi je suis absolument comblée par une rencontre tant attendue: un éléphant, un vrai qui bouge de son propre chef! Un gros animal commeçca, c'est assez impressionnant, surtout que son oeil est étonnamment presque humain. Il est très beau avec ses peintures sur la tête. Je lui donne un billet qu'il attrape avec sa trompe - et qu'il donne à son maître - puis il pose sa trompe sur ma tête! Photo à l'appui... Ainsi la bénédiction de Ganesha nous suivra-t-elle jusqu'à la fin du voyage...

Madurai 03

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