De retour à Chennai, nous continuons nos visites de musées, avec des collections très intéressantes de statues de pierre et de bronze, des animaux naturalisés, de la géologie et une partie pour enfants avec des poupées présentant les différents pays. Une organisation ingénieuse des objets, des efforts de pédagogie, et aussi des couches de poussière impressionnantes et une conservation préventive rare...

Ca, c'est comment les Indiens voient le paléolithique et l'inévitable chasse au mammouth...

Chennai 01

Enfin c'est le moment de rencontrer Andrew, le frère d'Elizabeth d'Annecy. Elle lui a demandé de nous servir de guide pour les deux jours à venir et il a très gentiment accepté, accompagné d'un ami qui possède une voiture. Ils nous conduisent donc dans différents coins de la ville, un centre commercial style mall américain, la basilique où est enterré saint Thomas, le parc Guidy et ses animaux en cage, la plage. Nous avons pas mal discuté et confronté nos points de vue sur les sociétés indienne et française, ce furent des échanges très instructifs. Mais surtout, il nous emmène au cinéma. Imaginez, voir un film tamoul en tamoul dans une salle de ciné tamoule remplie de Tamouls! Là on est loin des circuits touristiques et au plus près de la vie quotidienne des Indiens!

Un terrible gavial!

Chennai 02

Alors bon, Andrew admet lui-même que c'est un navet, mais ô combien jouissif!! Première surprise: pas mal de scènes se déroulent... à Annecy et Paris! Avec quelques mots en français lancés de-ci de-là. Andrew est un tout jeune réalisateur de film et il nous explique quelques codes des films tamouls. Ce sont des romances ou des films d'action - c'est le cas pour celui-ci. Il doit toujours y avoir un entracte pour permettre aux spectateurs de souffler pendant les 3h de projection. Et surtout, éléments indispensables, les chansons chorégraphiées (en moyenne 5), même si elles tombent comme des cheveux sur la soupe sans lien avec l'intrigue. C'est presque le plus intéressant du flim! Le héros se colle à la jeune cruche de l'histoire qui se trémousse en mini-jupe et demi-soutif dans des décors psychédéliques genre générique de James Bond, avec couleurs acidulées, effets visuels et changements de costume fréquents. J'adore!!

Le héros en question a la classe mafieuse, barbe de trois jours, anneaux aux oreilles, coiffure en crête de coq typique des ados d'aujourd'hui, un visage ténébreux imperturbable avec les méchants, et des yeux de chien battu face à une trahison familiale. Steven Seagal et Vin Diesel n'ont qu'à bien se tenir! Malgré sa stature un peu lourdeaude, il envoie ses ennemis au tapis sans effort, fussent-ils d'agiles Chinois maîtres en arts martiaux. Bien sûr vous devez vous figurer les effets sonores métalliques à chaque coup, les ralentis répétés ou au contraire des accélérations de l'image pour donner l'impression de vitesse... On vous passe des détails de l'histoire mais on a quand même réussi à suivre malgré la langue. C'est dire la complexité du sujet... Une expérience inoubliable!

Côté romance, Andrew nous a présenté dans son studio la bande-annonce et deux chansons de son film Leelai. Nous avons été touchées de cette marque de confiance car son film ne sortira que plus tard, et nous espérons bien avoir l'occasion de le voir en entier, pour pouvoir découvrir d'autres codes cinématographiques un peu différents des nôtres - les baisers par exemple, ils sont inconcevables dans le cinéma indien. Nous lui souhaitons bonne chance pour la suite et une longue carrière pleine de succès! Et pour tout vous dire, on n'aurait pas rechigné à rencontrer le héros de son film, bien plus séduisant que l'autre...